Cinq meurtres

Hastings vient d’arriver auprès d’Hercule Poirot. Ce dernier lui a donné le compte rendu de ses réflexions. Nous le découvrons avec lui.

Je lus tout cela avec beaucoup d’attention, mais aussi un étonnement grandissant. Je reposai ma feuille et regardai Poirot d’un air interrogateur.

– Eh bien, mon ami ?

– Je me rappelle l’affaire Bradley, répondis-je lentement. Je l’avais suivie dans la presse à l’époque. C’était une très belle femme.

Poirot hocha la tête.

– Mais j’attends que vous m’éclairiez. Que signifie tout cela ?

– Dites-moi d’abord quelles conclusions vous en avez tirées.

Je lui fis part de ma perplexité :

– Ce que vous m’avez fait lire, c’est le compte rendu de cinq meurtres différents. Ils ont tous eu lieu dans des endroits différentes et au sein de classes sociales différente. De plus, il ne semble y avoir entre eux aucun point commun. L’un est une affaire de jalousie, l’autre concerne une femme malheureuse qui veut se débarrasser de son mari, le troisième a l’argent pour mobile, un autre encore pourrait être qualifié d’altruiste puisque la meurtrière n’a pas cherché à se soustraire à son châtiment, et le cinquième est franchement brutal, commis probablement sous l’empire de la boisson. Y a-t-il un lien qui m’aurait échappé ? ajoutai-je après un instant de réflexion.

– Non, non, votre résumé était tout à fait exact. Le seul point que vous avez omis de mentionner, c’est que, dans aucune de ces affaires, il n’avait subsisté le moindre doute.

– Je ne suis pas sûr de vous comprendre.

– Mme Etherington, par exemple, a été acquittée. Pourtant, tout le monde était convaincu de sa culpabilité. Freda Clay n’a pas été accusée ouvertement, mais on n’a pas entrevu d’autre coupable. Riggs a déclaré ne pas se rappeler avoir tué sa femme et son amant, mais personne d’autre n’a été soupçonné. Margaret Lichtfield a avoué. Vous voyez, Hastings, dans toutes ces affaires il y a eu un suspect et un seul.

Je fonçai les sourcils :

– Oui, c’est vrai, mais qu’en déduisez-vous ?

– Ah ! mon cher ami, j’en viens à ce que vous ne savez pas encore. Supposez, Hastings, qu’il y ait, dans ces affaires, une réalité étrangère qui leur soit commune à toutes ?

– C’est-à-dire ?

– Je vais m’exprimer avec la plus grande prudence, Hastings, déclara lentement Poirot. Présentons les choses ainsi : il existe une certaine personne que l’on nommera X. Dans aucune de ces affaires X n’a apparemment le moindre intérêt à se débarrasser de la victime. Dans l’une, autant que j’ai pu m’en assurer, X se trouvait en fait à 300 km de la scène du crime. Cependant, je vous dirai ceci : X était un ami intime de Etheringhton, X a vécu un temps dans le même village que Riggs, X connaissait Mme Bradley. Je possède un cliché de X et Freda Clay marchant ensemble dans la rue, et X n’était pas loin de la maison quand le vieux Matthew Lichtfield est mort. Que pensez-vous de ça ?

J’avais les yeux écarquillés. Je déclarai doucement :

– Oui, ça fait vraiment beaucoup. On pourrait admettre la coïncidence pour deux, à la rigueur trois affaires, mais cinq sa dépasse la mesure. Si invraisemblable que cela paraisse, il doit y avoir un lien entre tous ces meurtres.

Contributrice:

Rizzo Elisa Alvia

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